Appel pour ne plus séparer nature et culture !

ne soyez pas juste humanistes, devenez terristes !

 

APPEL POUR NE PLUS SEPARER

NATURE ET CULTURE !

 

L’urgence climatique commence à susciter une prise conscience très large, même si les conséquences n’en sont pas assez tirées.  Une autre urgence apparait, qui lui est liée d’ailleurs : la défense de la biodiversité.

Est organisé en 2020 un Congrès mondial de la nature à Marseille. Des appels de scientifiques nous répètent la destruction accélérée des espèces. Et tout cela doit nous conduire à des réactions concrètes.

Mais allons-nous à nouveau réagir en séparant les humains de la « nature » ? Allons-nous continuer à séparer arbitrairement nature et culture ? Nous occuper de sauver un mammifère sans nous intéresser aux populations où il vit ? La défense de la biodiversité ne doit plus être séparée de la défense de la culturodiversité. D’autant que c’est aussi l’acculturation de populations instrumentalisées dans une marchandisation de tout qui provoque la perte des repères, les pollutions massives comme la disparition des espèces.

Certes, il faut inscrire tout cela dans un mouvement constant, des évolutions. La situation de la biodiversité est semblable à celle du climat. Il ne saurait être question de penser figer les choses définitivement dans un état qui nous semblerait idéal, alors que tout résulte d’évolutions successives. Mais la part des activités humaines depuis l’industrialisation du XIXe siècle et l’augmentation considérable de la population provoquent destructions d’espèces massives comme de cultures (langues, modes de vie…).

La standardisation dans des sociétés du contrôle constitue en effet une forme de crime culturel portant un fort danger liberticide. Peuples, communautés et individus souffrent à la fois d’une perte des repères et de destructions environnementales. Partout il faut donc mener un combat où enfin nature et culture sont rassemblées. Pour l’une comme pour l’autre, des traditions choisies se mêlent à des innovations (du rétro-futuro) sur un plan nécessairement à la fois local et global.

Nous ne pouvons plus accepter de considérer l’environnement comme un décor où les humains sont exclus. Défendre la biodiversité, c’est défendre la culturodiversité. En préservant et en pensant les choix et les évolutions. Ayons une conscience environnementale globale. Soyons, non pas seulement humanistes ou naturalistes, mais terristes !

 

Appel porté dès 2018 par la Fondation René Dumont et Nuage Vert – musée mobile Vallée de la Dordogne (nuage-vert.com)

Apportez vos soutiens individuels et collectifs sur :

contact@nuage-vert.com


 

Pourquoi un label « Earth-Village / Village-Terre » ?

 

La décision du Président des Etats-Unis de dénoncer l’accord de Paris sur le climat en juin 2017 –comme tant d’autres actes moins directement visibles mais tout aussi néfastes—déclencha une initiative : la création d’un label « Earth-Village / Village-Terre »  Pourquoi un label ? Il ne s’agit pas d’un gadget de plus. Il s’agit de rassembler de façon volontariste –car ces questions concernent tout le monde tout de suite– autour de la défense de la biodiversité et de la culturodiversité. L’originalité de la démarche consiste en effet à enfin lier les deux priorités.

Précisons les choses. Défendre la biodiversité ne consiste nullement à devenir les conservateurs de parcs mondiaux que nous déciderions de rendre immuables, que nous figerions alors qu’ils sont le résultat d’évolutions diverses, dont des évolutions climatiques. Non, il s’agit de nous considérer comme un des éléments d’un environnement dont les agissements humains produisent des modifications accélérées du climat et –pire peut-être—des pollutions graves de l’air, de l’eau, de la terre. Nous tuons en commettant des crimes écologiques qu’il va bien falloir enfin caractériser et pénaliser.

Cela touche tous les milieux. Il n’y a plus de différences entre les villes et les campagnes. Les océans charrient des déchets dans des zones inhabitées. Alors, défendre la biodiversité dans nos « villages », c’est décider à l’échelle de nos communautés de vie (quartiers des villes ou petites structures agraires) de penser à la défense de la diversité biologique comme composante première des villes et des campagnes. C’est reprendre en mains directement nos pratiques de proximité. Ce retour au local est la base de ce qui pèsera dans notre réalité locale-globale, qui est trop faible à la fois en démocratie directe et en organisation planétaire fédérée contraignante sur des enjeux communs. Commençons ainsi par nous occuper de notre sphère « directement visible », autour de nous, et faisons-le savoir pour peser sur les enjeux globaux.

La chose est claire. Mais défendre la culturodiversité peut sembler moins évident, annexe ou dangereux. De quoi s’agit-il ? Il s’agit enfin d’affirmer le droit de vivre de façon différente sur la planète avec des visions du monde variées et des coutumes et des langues diverses. Défendre cette diversité et défendre cette diversité à l’intérieur même des communautés géographiques. Non pas donc créer une planète d’égoïsmes concurrents, de communautarismes fermés et exclusifs ou autoritaires et expansionnistes, mais affirmer la possibilité du choix. A Miami, veut-on vivre la vie de la Creuse ou celle de Ouagadougou ? Partout, nous ne pouvons fonder nos modes de vie sur l’uniformisation des mœurs basée sur une consommation addictive de produits standardisés. Défendre la culturodiversité c’est affirmer la nécessité d’options individuelles et collectives « rétro-futuro », avec des traditions choisies et des innovations.

Ainsi adopter le label « Earth-Village / Village-Terre » est un engagement double : celui de l’environnement physique et celui de l’environnement mental où la tolérance existe dans une conscience claire des limites collectives de base nécessaires. Il reste ainsi à bâtir un Pacte commun planétaire évolutif qui interdise des choses simples –pouvant paraître évidentes mais qui ne le sont pas dans notre monde de terrorisme ou de peine de mort pour homosexualité ou de répression pour croyance religieuse ou philosophique ou parce qu’on naît femme ou de crimes environnementaux. La décision d’adopter le label « Earth-Village / Village-Terre » est une première étape volontariste dans une perspective pas seulement humaniste mais terriste. Elle doit être le moyen de lancer une vaste réflexion générale grâce aux habitantes et habitants eux-mêmes, par propagation sur tous les continents d’une volonté pratique de millions d’humains en situation.

Vivre, c’est agir dans et hors de son environnement. Vivre, c’est se projeter en fonction d’une certaine vision de soi et de la planète.